mardi 16 décembre 2014

J-9: Mono dans la brume



(Pour anne laure)

Quand j'étais jeune, je me disais qu'être moniteur devait être un métier sympa. Décontracté mais sérieux, développant des trésors de pédagogie pour faire sauter Pompom et Marie-Chantal, entouré de nos meilleurs amis aux naseaux veloutés.

Bien plus excitant que de faire deux heures de transports en commun dans les effluves diverses de nos congénères humanoïdes pour se battre dans l'enfer de la jungle des bureaux gris. Et bien moins lucratif, mais je ne l'apprendrai que plus tard.

Quelques doutes cependant s'insinuèrent en moi aux premières chutes de températures. Comment fait cet humain (car il me semble que nous sommes de la même espèce) pour rester stoïque trois heures durant au milieu d'une carrière battue par le vent par une température poussant les grues à se barrer au soleil (2500 km tout de même) ?

Comment la cavalière frigidereuse (cherchez les jeux de mots) de base que je suis, peut survivre à un hiver en carrière ? Pour atteindre mon but, il a fallu enquêter. Je vous propose une incursion dans un monde hostile : celui du mono dans la brume.

On a tous en tête la représentation idéale du mono-stylistus : Droit dans ses bottes cirées, le pantalon ajusté et le blouson à écusson, il tolère tout au plus une casquette pour se protéger des éléments. Parfois il porte des gants, mais c'est parce qu'il est toujours prêt à enfourcher Pompom le délinquant qui n'écoute pas sa maman. Les scientifiques s'accordent cependant à dire que certains de ces spécimens comptent leurs engelures tous les soirs. Il existe même des concours réservée à l'élite des mono-stylistus, ceux ayant bravé au moins deux décennies d'hiver rigoureux sans pour autant avoir perdu un orteil. Nous avons tenté d'en approcher certains dans leur milieu naturel, mais ils sont fort farouches, et n'ont pas voulu dévoiler les secrets de leur style. On continue l'enquête.

C'est dans des contrées sauvages que nous avons rencontré le mono-rusticus. Équipé pour traverser la nature verglacée, il se reconnait grâce à son ensemble bonnet/pull en laine de shetland (pas le poney, le mouton !)

Son equidusàpoilus revêt la même toison que lui. Chaussants en croûte de cuir, gants de jardinage et parka de chasseur, il bat la forêt à la recherche de nouveaux chemins de trecs. Même après cinq heures de randonnée, il peut sourire. J'ai voulu faire de même pour établir le contact. Bilan : toutes mes gerçures ont craqué. Autour d'un vin chaud au coin du feu, il tricote un cache-nez en poil de shetland (le poney, pas le mouton). Du bon sens, un gros pull et des amis, ah non... je confonds avec une publicité nutella.

Après cette expédition au cœur du monde de la brume, j'avais pris toutes les notes nécessaires pour me lancer dans mon premier hiver en solitaire.
Mono-modernus, me voilà !

Malheureusement il a fallu m'adapter à mon endurance de moineau mouillé . Oubliées les bottes, boots et autres tennis. Adieu casquette et gants d'équitation. Non le vin chaud et un shetland ne suffisent pas à rétablir la circulation sanguine. Oui on peut dire en boucle pendant trois heures : "Il fait froid non ?", "On se pèle ici", "Je ne sens plus mes pieds". Malgré une grande préparation psychologique et trois couches de vêtements censés être techniques (ceux qui te laissent bien mouillée sous les bras...), je n'ai pas perdu l'admiration pour mes collègues rusticus et stylistus. Mais je sais maintenant pourquoi le renne de Noël porte un nez rouge...




8 commentaires:

  1. J'adore ! Et ça me fait penser à ma super mono, qui a ressorti les moon boots, le manteau de ski, le bonnet et les gants pour nous faire monter le soir jusqu'à 20h30...

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  2. C'est vrai que les mono sont admirables en hivers car nous à cheval ça va, mais eux qui ne bougent pas trop, AGLAGLA !!!

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  3. Oui aux commentaires précédents,mais le secret de l'enseignant tient aux sourires heureux de ses élèves,qui suffisent à lui réchauffer le coeur et le corps!

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  4. Excellent texte comme toujours =) ! Mais pas besoin d'être mono pour se choper des engelures... Faites aussi facteur l'hiver, et vos doigts de pied vous diront merci (je parle en connaissance de cause ^^)

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  5. Et oui, il faut être un(e) passionné(e)!!

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  6. Bel hommage à tous nos monos dans la brume, stylistus, rusticus et modernus !

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  7. pour avoir déjà affronté de nombreux hivers, et être toujours de ce monde, je crois que le secret est dans les vêtements choisis. Technique et adaptés aux situations statique.
    j'attelle également, et le meneur en attelage se pèle grave aussi l'hiver.
    j'ai fait un trec attelé par -8° venteux, j'ai fait des raids centaure de nuit sous la neige...
    bien équipé tout va bien !!
    peut être un jour je dévoilerai des secrets d'équipement tiens !!!! :-)

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  8. J'attendais ton article avec impatience pour me régaler, comme d'hab, alors merci à toi Mysti :)

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