lundi 22 décembre 2014

J-3: De bonnes résolutions à prendre pour mieux s'entendre avec son cheval

Par Clara, du blog Shaheen
                                                                  

Le Nouvel An approche à grand pas. Mon premier article évoquait Noël. Je souhaite désormais vous parler des très célèbres bonnes résolutions.
Qui n'a jamais essayé de prendre de bonnes résolutions ? Je dis bien "essayer" car, avouons-le, au premier janvier on se sent prêt à changer, on est motivés... et puis, en général, un mois plus tard on a déjà repris comme avant !

Mais attention ! Je souhaite évoquer ici les 7 bonnes résolutions que tout cavalier devrait prendre pour tenter de comprendre son cheval et, de fait, le rendre le plus heureux possible. Personnellement je n'ai pas attendu la nouvelle année pour les prendre !




Je tiens à préciser que je ne détiens pas ici une vérité générale. Je vous expose ma pensée, qui est le fruit de mes très nombreuses remises en questions. Je suis passée par beaucoup de choses avec ma jument pour en arriver à ces conclusions qui, à mes yeux, sont le moyen d'essayer au mieux de comprendre son cheval et vivre en harmonie avec lui.
C'est la façon dont je fonctionne avec ma jument, et je tâtonne encore beaucoup sur certains points, mais notre relation s'est énormément renforcée depuis que je fonctionne selon ces grands principes :


1- Respectez votre cheval
« Logique », me direz-vous. Je pense, en réalité que ça ne l'est pas forcément pour tout le monde.
La base d'une relation saine avec votre cheval fonctionne sur deux principes primordiaux : la confiance et le respect.
Vous obtiendrez sa confiance peu à peu, en le désensibilisant et en lui montrant un maximum de chose.
Le respect, lui, doit venir des deux côtés : au cheval de respecter votre espace, de ne pas vous pousser, vous marcher dessus... A vous en retour de respecter ses capacités et son état physiques, son humeur de la journée, ses peurs, ses volontés...

Attention, je ne dis pas du tout qu'il faut passer toutes ses volontés, mais votre cheval ne peut pas être un robot qui fait exactement tout ce que vous voulez. Essayez d'instaurer un dialogue, vous verrez qu'il y a des fois ou votre cheval est plus énervé, moins en forme, ou encore a des envies particulières.

Un exemple tout bête : La dernière fois j'ai travaillé avec ma jument en liberté dans la carrière, elle a été comme elle n'avait jamais été, vraiment super. La séance a duré dix minutes, très courte mais intense, et ensuite nous sommes allées faire une séance de soins énergétiques.
Une fois la personne partie, j'ai voulu reprendre où nous en étions avec ma jument : et bien elle ne voulait plus du tout mettre les pieds dans la carrière !
Je l'ai donc fait entrer, car je ne peux pas me retrouver dans une logique où dès qu'elle ne refuse quelque chose on ne le fait pas du tout, mais nous sommes ressorties immédiatement de la carrière. Je ne lui ai rien fait faire.
Je le répète, il ne s'agit pas de passer toutes les demandes de votre cheval, mais un dialogue doit s'instaurer, et il ne doit pas aller uniquement dans un sens.

Ce que je viens de dire recoupe mon deuxième point.




2- Écoutez ce que vous dit votre cheval
Apprenez à écouter votre cheval, notamment au travail.
Nos chevaux nous parlent, et trop souvent les signaux qu'ils nous envoient sont ignorés par les cavaliers qui leur trouvent des raisons tout autres.

Voici des choses très courantes que j'entends souvent : un cheval qui charge les obstacles aime sauter, un cheval qui donne des coups de culs en selle exprime sa joie, un cheval qui a peur le fait exprès, un cheval qui n'écoute pas le fait exprès aussi... Et il y en a tant d'autres.

Tous ces signes ne sont pas à prendre à la légère, et il faut vraiment se poser les bonnes questions.
Dans presque tous les cas, de tels signes sont l'expression soit d'un mal être, d'une gêne ou d'une mauvaise éducation. Cela est très important à comprendre.

A plus petite échelle, écouter son cheval s'apprend vraiment. Quand vous répétez pendant longtemps un même exercice, guettez le moment où votre cheval commence à en avoir marre, changer puis revenez-y plus tard. Guettez les fois où votre cheval ne comprend pas votre demande, les fois où il cherche à comprendre...

Il n'est pas toujours facile de comprendre les chevaux, et il ne faut pas tomber de la paranoïa extrême de se demander toujours si notre cheval a mal quelque part ou exprime un mal-être, mais il faut toujours y penser en premier lieu, et puis ensuite faire la part des choses.
C'est vraiment intéressant car peu à peu on apprend à connaître son cheval et je sais que moi j'essaye d'écouter ce que me dit ma jument au mieux, et j'ai l'impression qu'on dialogue toutes les deux, à propos de volontés de chacune.

L'équitation est un échange permanent.




3- Soyez clair avec lui
En retour quand vous, vous parlez à votre cheval (quand vous lui demandez quelque chose), soyez très clair.

On a souvent l'impression d'être clair mais ce n'est pas toujours le cas. Parfois même nous sommes très brouillon.
C'est mon cas, et je travaille énormément dessus, alors je sais de quoi je parle.
Souvent je me dis que les chevaux sont vraiment forts pour réussir à nous comprendre.

Ce sont des choses bêtes :
- Ne pas parler tout le temps, car nous disons après nos codes vocaux sans nous en rendre compte, et ils perdent de leur utilité.
Par exemple : Enormément de cavaliers (moi y compris, je le faisais avant) claquent de la langue pour tout et n'importe quoi.
Faites-en un signe clair que vous n'utilisez que dans un cas précis (avancer par exemple). 

- Ne pas utiliser le même code vocal ou gestuel pour plusieurs actions. Nous devons vraiment distinguer nos gestes. Moi, par exemple, je mettais ma cravache derrière (à pied) pour un peu tout : avancer, revenir vers moi, tourner...

- De même, variez vos codes vocaux et leur intonation pour ne pas que votre cheval les confonde. Les cavaliers qui disent « marcher », « trotter », « galop », sur le même ton de voix, n'apprennent pas à leur cheval des mots distincts, mais simplement un ton de voix qui signale la montée vers l'allure supérieure. Je doute qu'en disant simplement « trotter » de l'arrêt, votre cheval parte directement au trot.

- Soyez uniformes dans vos demandes. Toujours le même mot, le même geste, au même moment pour demander la même chose.

- Apprenez à dissocier gestes et voix. Apprenez à votre cheval à réagir uniquement au code vocal, puis uniquement au geste (sans parler).
Moi, je sais que ma jument ne réagissait qu'à mes codes vocaux en longe, et dès que je ne parle plus, plus rien ne marche. Je suis en train d'y travailler.




4- Soyez doux mais ferme
Souvent, cette expression est mal interprétée. Etre doux mais ferme, c'est rester calme en toute situation, et faire comprendre au cheval ce qui est bien de faire, et ce qui ne l'est pas. Notamment par le moyen de « confort/inconfort ».

Je te mets dans l'inconfort, et dès que tu fais ce que je souhaite, l'inconfort s'arrête. Ou alors, je te récompense et je te mets dans le confort maximum.
C'est ce qu'on appelle le renforcement négatif (on retire l'inconfort) et le renforcement positif (un confort arrive). Il faut trouver le juste équilibre entre ces deux choses.

Je ne suis pas pour, par exemple, désirer que notre cheval ne fasse le travail uniquement pour nos beaux yeux. Lui donner des friandises de temps en temps, c'est être reconnaissant du mal qu'il se donne pour nous écouter, et le récompenser de son travail, tout comme nous le sommes par notre salaire en fin de mois !




5- Mettez vous à sa place
Pensez cheval. C'est bête, mais trop de cavaliers font d'anthropomorphisme.

Et sur ce point là, j'aborde le sujet qui fâche : les couvertures ! Alors, je ne fais pas généralités car il y a des circonstances atténuantes pour certains, mais je ne comprends pas ceux qui sur-couvrent leurs chevaux ! Les chevaux sont des animaux faits pour vivre dehors, ne l'oublions pas.

Ma jument, une pur sang arabe, vit au pré à l'année, et je ne la couvre jamais. Elle fait bien assez de poil, et elle est assez intelligente pour aller s'abriter si la pluie la gêne (sans abri, c'est encore différent). Et je ne l'ai jamais vu avoir froid.
Les fois où je l'ai couverte car elle tremblait vraiment, c'est plutôt au début de l'été, quand elle a perdu tout son poil et qu'il pleut. Là, elle est vraiment morte de froid et n'arrête pas de trembler. A ce moment là de l'année, je me méfie. A côté de ça, d'autres chevaux n'ont pas du tout ce problème.
Il faut s'adapter à chaque cheval, mais je pense vraiment qu'ils ont bien moins froid qu'on ne veut imaginer !

Sur des points plus larges, penser cheval c'est essayer de se demander, quand vous travaillez ou quand vous êtes avec votre cheval, ce qu'il peut être en train de penser maintenant, ou comment il aurait réagit avec un autre cheval.

Pensez-y : Comment les chevaux se font-ils comprendre les choses entre eux ? C'est extrêmement intéressant pour apprendre à dialoguer avec eux. Nous devons devenir à moitié cheval, et nous les rendons à moitié humain, si l'on puis dire !
Entre une fois, l'échange n'est pas unidirectionnel, est cela est très important.




6- Prenez votre temps
L'éducation d'un cheval n'est pas une course. Si vous prenez votre temps, votre cheval vous le rendra en quintuplé.

Pensez-y : Combien de cavaliers de CSO sautent très tôt mais ont des chevaux incapables de s'incurver, de s'arrêter ou ralentir sur demande, et qui ne sont pas constants dans leurs résultats en compétition ou se plantent un beau jour ?
Combien de chevaux de dressage exécutent toutes les figures, mais dans une fausse mise en main forcée, avec un cheval qui n'est pas équilibré pour un sous et ne pousse pas sur ses postérieurs d'un cil ?
Combien de personnes montent en cordelette au bout de 3 mois et après se demandent pourquoi leur cheval un jour est sage et l'autre n'écoute rien ?
Combien de personnes font des choses spectaculaires à pied mais ont des chevaux qui se déconnectent facilement et n'arrivent pas à les reconnecter ?

Prenez le temps d'apprendre les bases et de les consolider au maximum. Quelque soit votre discipline. Cela est primordial.
Trop de personnes font l'impasse et en payent le prix un jour ou l'autre, ou n'auront jamais de leur vie un travail propre et constant.
Je vois énormément de cavaliers « éthologique » ou de spectacle qui ne sont jamais sûrs si leur cheval va faire tous les tours, ou être à l'écoute toute la séance. C'est triste !

Et les bases sont pour tout le monde les mêmes : mobiliser les hanches et les épaules, apprendre à tourner aux jambes et à l'assiette, s'arrêter, ralentir et avancer à l'assiette, s'incurver. Voilà les bases vraiment basiques que tout cavalier et cheval devrait avoir.

Alors oui c'est long, oui c'est chiant, mais quel bonheur de tout demander de façon légère, à un cheval léger, sans avoir à entrer dans un rapport de force tout au long de sa vie et sans être pendu aux rênes en permanence !

Le temps que vous aurez pris à enseigner ces bases vous sera vraiment profitable, car une fois que les bases sont acquises, tous les autres exercices s'apprennent en quelques séances tout au plus, vraiment ! Je le découvre de jour en jour.




7- Offrez lui un mode de vie adapté
A mes yeux, LA condition pour rendre votre cheval heureux.

Non, ce n'est pas parce que votre cheval attend à la porte de son paddock le soir qu'il aime son box. Il sait simplement qu'il va y être nourrit, ou encore il est conditionné par l'habitude. Alors, encore une fois, il y a des cas particuliers et des circonstances atténuantes.

Déjà, offrir une vie en box-paddock est pas mal, mais vraiment, si possible, mettre son cheval au pré avec des copains est l'idéal. Cela est indéniable.
Mais une chose est vraiment inadmissible : laisser son cheval quasiment 24h/24 en box. Un cheval qui ne sort que pour travailler ou 2 heures par semaine au paddock, je trouve ça vraiment vraiment triste.

J'espère de tout coeur que, sur ce point, de plus en plus de gens se rendent compte qu'un cheval ne peut être vraiment heureux dans un grand espace, avec de quoi manger toute la journée, et entouré de congénères.



J'espère ne pas avoir été trop radicale.
Ce que je cherche à dire, c'est que je pense que ces méthodes, tirés de l'équitation dite « éthologique », sont logiques par rapport au fonctionnement du cheval, et ne peuvent apporter que du positif dans la compréhension et la relation que vous aurez avec votre cheval. Dans toutes les disciplines, et j'insiste vraiment. La distinction dressage, CSO, éthologie n'a pas lieu d'être.

Nous devrions tous faire de "l'éthologie" avec notre cheval, tout le temps. Cela va au-delà de l'effet de mode et au-delà de la discipline. C'est une façon d'approcher au plus près le fonctionnement du cheval pour entrer dans une collaboration, et non pas dans un rapport de force et de soumission. Les chevaux ne sont pas des objets. Ce sont de formidables partenaires.

Quand on voit tout ce qu'ils donnent à des cavaliers qui les contraignent sans cesse en leur imposant les choses, parfois de façon très contraignante, imaginez ce qu'ils sont capables de donner quand on leur fixe des règles claires mais toujours dans le dialogue, la proposition et l'entente.

Il ne faut pas aller à l'extrême « je laisse faire mon cheval ce qu'il veut pour ne pas le contraindre », car on ne lui rend pas plus service.
Les chevaux sont des animaux qui, entre eux, se fixent des règles très claires, mais de façon très subtile. Ils n'ont pas besoin de sévir tout le temps, ni de se contraindre les uns les autres. Il se font comprendre une fois, deux fois, et une fois les règles en place, elles deviennent normales pour tout le monde. Parfois, un simple rappel à l'ordre très discret (les oreilles couchées) suffit.

Apprenons des chevaux. Ils sont fascinants. Devenons meilleurs avec eux, ils le méritent tellement...

Il n'est pas toujours facile de prendre du recul sur soi, de se remettre en question. Parfois cela fait beaucoup de mal. Mais quand on a passé le cap, on est tellement heureux. Je ne pourrais jamais revenir en arrière, monter ma jument dans la contrainte comme avant. J'aime tellement ce que nous sommes en train de forger. Je vous le promet, ça vaut  le coup d'essayer !

Sur ce, je vous souhaite un Joyeux Noël et une belle année 2015 à tous, ainsi qu'à vos fidèles montures.




Je vous laisse sur une magnifique interview d'Andy Booth, qui résume dans les 10 premières minutes tout ce qu'il faut savoir pour aborder le travail avec son cheval, quelque soit sa discipline.




Photos prises par Instants Gravés Photographie

13 commentaires:

  1. J'adore cet article ! On sent qu'il est issu d'une réflexion personnelle, et en même temps, il reflète ce qui devrait être la base de toute équitation. Pas besoin de parler d'éthologie, c'est pour moi simplement de la belle équitation!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est sûr, je parle d'éthologie pour que les gens visualisent, mais je n'aime pas catégoriser cette équitation qui, justement est, pour moi, la base de toute les disciplines! Merci en tous cas :D

      Supprimer
  2. Et en plus, les photos sont trop belles!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci !! Et merci à Anaëlle, avec qui j'ai hâte de refaire un shooting ! C'était trop dur de choisir xD

      Supprimer
  3. Woaah j'adore cet article ! On ne peut qu'être d'accord avec toi ! C'est vraiment dommage que parfois certains cavaliers de club (moi y compris) veulent mettre toutes ces bonnes résolutions en application sans jamais le pouvoir :'( Tu sais être radicale de temps à temps ça fait pas de mal ^^ Et les photos sont géniales !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup Philippine ! En effet je trouve ça super triste, je n'arrive d'ailleurs pas à retourner dans des clubs maintenant !
      Ce sera long, mais je pense que les mentalités vont changer peu à peu, en tous cas j'espère vraiment.

      Je rêve d'ouvrir mon centre où j'inculque toutes ces bases à des gens intéressés, avec des chevaux en paddock paradise etc !! Et je le ferai dans quelques années, je ferai tout pour ! :)

      Merci pour les photo :D

      Supprimer
  4. Superbe article ! Ce sont les points que je garde à l'esprit à chaque fois que je suis avec ma jument. Et je les applique plus particulièrement depuis quelques mois. Prendre le temps de s'écouter et discuter, pour finalement sentir qu'on dialogue avec son cheval et qu'on se comprend, c'est merveilleux, quel bonheur !

    Voilà un article qui me permettra de garder ces choses essentielles (!!) à l'esprit pour l'année à venir :) .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est chouette si tu te retrouve dans mon article, ça fait plaisir de voir que plein de cavaliers sont sur la bonne voie :P.
      Moi même ma grosse remise en question ne s'est pas faite il y a si longtemps et maintenant je trouve ça tellement logique et mieux que j'ai du mal à comprendre comment je n'ai pas pu m'ouvrir à ces méthodes plus tôt !

      Supprimer
  5. On partage la même façon de voir les choses alors :)

    Très très bon article qui rappel ce qui devrait être la base pour chaque cavalier. Je suis loin d'être parfaite, mais si chacun essayait de faire au mieux pour approcher de ces buts, ce serait déjà un énorme pas en avant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est exactement ça ! Moi aussi j'ai encore plein de défauts mais je fais de mon mieux, et je pense que c'est le principal.

      Supprimer
  6. Eh bien, là c'est complet ! ! Super boulot Clara =). Et oui, je suis d'accord avec Emilie, les photos sont classes ! !

    RépondreSupprimer
  7. Ca me rassure je suis plutot sur la bonne voie avec ma bourrique ! Mais il faudrait que je sois plus clair quand meme. Merci pour ce bel article plein de bons conseils.

    RépondreSupprimer

Laissez nous un petit mot pour nous dire si vous avez aimé, et on se fera un plaisir de vous répondre!